Article de l’OIT : « La réduction des disparités entre les sexes serait très bénéfique pour les femmes, la société et l’économie »

Publié le 14 juin 2017

Publié le 14 juin 2017

Un nouveau rapport de l’OIT montre que réduire de 25 pour cent les disparités entre hommes et femmes d’ici à 2025 permettrait d’injecter 5800 milliards de dollars dans l’économie mondiale et d’accroître les recettes fiscales.

GENÈVE (OIT Infos) – Les disparités entre hommes et femmes sont l’un des défis les plus urgents à relever pour le monde du travail. Les femmes sont nettement moins susceptibles de participer au marché du travail que les hommes et, une fois qu’elles y accèdent, elles ont plus de difficultés à trouver du travail. De plus,  lorsqu’elles en trouvent, la qualité de leur emploi reste une préoccupation majeure, selon un nouveau rapport de l’OIT.

Aider les femmes à entrer sur le marché du travail demeure néanmoins une première étape importante. En 2017 encore, le taux d’activité mondial des femmes – qui s’élève à 49 pour cent – est près de 27 points de pourcentage inférieur à celui des hommes (tableau 1) et devrait demeurer inchangé en 2018.

En 2014, les dirigeants du G20 ont pris l’engagement de réduire l’écart entre les taux d’activité des femmes et des hommes de 25 pour cent d’ici à 2025.

Le rapport, Emploi et questions sociales dans le monde (WESO) – Tendances de l’emploi des femmes 2017, estime que si cet objectif était atteint à l’échelle mondiale, cela pourrait potentiellement injecter 5 800 milliards de dollars dans l’économie mondiale. Cela générerait aussi d’énormes recettes fiscales. Par exemple, les recettes fiscales mondiales pourraient augmenter de 1500 milliards de dollars, pour l’essentiel dans les pays émergents (990 milliards de dollars) et dans les pays en développement (530 milliards de dollars), indique le rapport. L’Afrique du Nord, les Etats arabes et l’Asie du Sud en seraient les principaux bénéficiaires puisque dans ces régions l’écart entre les taux d’activité des hommes et des femmes dépasse les 50 points de pourcentage.

Promouvoir le bien-être des femmes

En plus de bénéfices économiques considérables, insérer davantage de femmes dans le monde du travail aurait un impact positif sur leur bien-être puisque la plupart des femmes souhaitent travailler. «Le fait que la moitié des femmes dans le monde soient exclues de la population active, alors que 58 pour cent d’entre elles préfèreraient avoir un emploi salarié, indique nettement qu’il existe d’importantes difficultés limitant leurs capacités et leur liberté de travailler», a déclaré la Directrice générale adjointe de l’OIT pour les Politiques, Deborah Greenfield.

«Pour les dirigeants politiques, la priorité devrait donc être d’alléger les contraintes qui pèsent sur les femmes quand elles choisissent de participer au marché du travail et de supprimer les obstacles auxquels elles sont confrontées une fois qu’elles sont en poste.»

Les niveaux de chômage demeurent plus élevés pour les femmes que pour les hommes

Quand les femmes participent effectivement au marché du travail, elles risquent davantage que leurs homologues masculins d’être au chômage.

A l’échelle mondiale, le taux de chômage des femmes s’élève à 6,2 pour cent en 2017, soit un écart de 0,7 point de pourcentage avec le taux de chômage des hommes qui se situe à 5,5 pour cent. En 2018, les deux taux devraient rester relativement inchangés, laissant donc l’écart en l’état et sans qu’aucun progrès ne puisse être anticipé avant 2021 sur la base des tendances actuelles.

Les femmes sont limitées dans leurs perspectives professionnelles

Parmi les femmes en activité dans le monde, près de 15 pour cent sont des travailleuses familiales, contre un peu plus de 5 pour cent parmi les hommes. Dans les pays en développement, où près de 36,5 pour cent des femmes et seulement 17,2 pour cent des hommes sont employés comme travailleurs familiaux (non rémunérés), l’écart est plus marqué, avec 19 points de pourcentage.

La préférence et la décision d’une femme de participer au marché du travail, et l’accès à des emplois de qualité, peuvent être affectés par plusieurs facteurs, notamment la discrimination, l’éducation, les activités de soins non rémunérées, l’équilibre travail-vie de famille et la situation matrimoniale. Le conformisme aux rôles sexospécifiques joue aussi un rôle majeur dans la limitation des perspectives de travail décent pour les femmes.

«Nous devons commencer par modifier notre conception du rôle des femmes dans le monde du travail et dans la société. Bien trop souvent, certains membres de la société prétendent qu’il est «inacceptable» pour une femme d’exercer une activité rémunérée», rappelle Steven Tobin, principal auteur du rapport. Par exemple, 20 pour cent des hommes et 14 pour cent des femmes pensent qu’il est inacceptable qu’une femme travaille en dehors du foyer.

Le rapport réclame des mesures globales pour améliorer l’égalité des situations de travail et pour redéfinir les rôles respectifs des hommes et des femmes. Cela suppose de promouvoir l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, de s’attaquer aux causes profondes de la ségrégation professionnelle et sectorielle, de reconnaître, réduire et redistribuer les activités de soins non rémunérées et de transformer les institutions pour prévenir et éliminer la discrimination, la violence et le harcèlement dont sont victimes les femmes et les hommes dans le monde du travail.

«Les politiques doivent aussi tenir compte des facteurs socioéconomiques qui pèsent sur la participation en introduisant des mesures qui améliorent l’équilibre entre travail et vie familiale, qui créent et préservent des emplois de qualité dans l’économie du soin et qui ciblent le contexte macroéconomique et l’économie informelle», conclut M, Tobin.

La Conférence internationale du Travail organise un sommet jeudi 15 juin pour discuter des moyens de façonner un avenir meilleur pour les femmes au travail.